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Maria Callas « remasterisée ».

Maria Callas fut, sans aucun doute, la cantatrice la plus connue et la plus populaire de la seconde moitié du XXme siècle. Sa carrière fut pourtant d’une courte durée, s’écoulant sur à peine deux décennies, des années 1940 au milieu des années 60. Après avoir gravé quelque 78 tours pour le label italien Cetra, elle enregistra exclusivement pour EMI, essentiellement à la Scala de Milan, à Londres et, dans les dernières années, à Paris. Elle eut comme producteurs des personnalités aussi considérables que l’Anglais Walter Legge, mari d’Elisabeth Schwarzkopf, et le Français Michel Glotz. Elle travailla avec une poignée de grands chefs d’orchestre de son temps, en particulier l’italien Tullio Serafin qui fut son mentor, plus rarement Herbert von Karajan et, dans les dernières années, Georges Prêtre. Parmi ses partenaires, à la scène comme au disque, on peut noter les noms de Fedora Barbieri, Giulietta Simionato, Giuseppe di Stefano, Tito Gobbi, Franco Corelli, Nicolaï Gedda, plus exceptionnellement Christa Ludwig et Carlo Bergonzi. À cette discographie « officielle », s’ajoute un nombre important d’enregistrements « sur le vif », abondamment réédités depuis son décès survenu le 16 septembre 1977 à Paris. Ces « live », passionnants sur le plan artistique, mais présentés le plus souvent dans de mauvaises conditions techniques, n’entrent pas, ici, dans notre propos.

Depuis l’avènement du CD, plusieurs rééditions ont été réalisées par EMI, en particulier en 1997, pour le 20eanniversaire de sa disparition et 10 ans plus tard pour le 30e anniversaire. A cette occasion, était mis sur le marché un imposant coffret de 70 CD comportant l’ensemble du legs de la cantatrice, opéras intégraux et récitals. Mais ces reports numériques impliquaient un système de filtrage qui gommait certaines harmoniques et compromettait le parfait rendu sonore des voix aussi bien que de l’accompagnement orchestral. L’année dernière, suite à des difficultés financières largement commentées par la presse et dans le contexte global de la crise du disque, le groupe anglais EMI a été racheté par l’américain Warner. Celui-ci a eu le souci de reprendre de A à Z les processus de masterisation en partant, le plus souvent possible, des bandes originales et en évitant toute éradication des harmoniques aigues. Cette méthode, utilisée dans un premier temps pour certains enregistrements d’Herbert von Karajan, vient d’être mis en œuvre pour Maria Callas, ce qui nous vaut un superbe coffret agréablement présenté, accompagné d’un livre parfaitement illustré, l’ensemble étant proposé à 199 Euros. Dans le même temps, le site Internet spécialisé Qobuz donne la possibilité de télécharger ces enregistrements « rajeunis » en très haute résolution, c’est-à-dire en 24 bits / 96000 Herz alors que la résolution des CD habituels est de 16 bit / 44100 Herz. Comme le dit la publicité, on peut ainsi redécouvrir la voie de la célèbre cantatrice « comme on ne l’a jamais entendue ». Qu’en est-il dans la réalité ?

Nous remarquons d’abord que le nouveau coffret de CD est obligatoirement gravé à la norme de 16 bits / 44100 Herz, quelle que soit la source utilisée. On peut donc supposer que le gain de qualité ici obtenu n’est que partiel. Pour notre part, nous nous sommes livrés à des comparaisons en utilisant trois enregistrements empruntés à notre collection traditionnelle ainsi que trois téléchargements en haute définition, le tout diffusé sur une chaîne de qualité. Nous avons ainsi puisé dans les enregistrements de Turandot de Puccini, effectué à Milan, en monophonie en 1957, de Carmen réalisé à Paris, en stéréophonie, en juillet 1964 et de la seconde intégrale de La Tosca, gravée dans les mêmes conditions, toujours à Paris, à la fin de la même année.

Une écoute attentive des deux éditions de Turandot laisse apparaître un peu plus de clarté sur la voix de la cantatrice mais le tissu orchestral reste assez compact et confus malgré le savoir-faire de l’ingénieur du son, Robert Beckett. Dans La Tosca et plus encore dans Carmen, on est agréablement surpris par la transparence de l’orchestre, spectaculaire par rapport aux éditions précédentes : les voix des chanteurs, et en particulier celle de notre héroïne, gagnent très nettement en présence. A titre personnel, nous avons eu l’impression de redécouvrir cette Carmen, aujourd’hui si injustement décriée à cause de l’état vocal de Maria Callas dans les derniers mois de sa carrière. Entourée de partenaires exemplaires, Nicolaï Gedda, Andréas Guiot, Robert Massart, dirigée de main de maître par le jeune Georges Prêtre avec un Orchestre de l’Opéra flamboyant, captée idéalement par l’ingénieur du son français Paul Vavasseur, cette Carmen « callasienne » n’a jamais aussi bien sonné.

Au terme de cet exercice partiel d’écoutes comparées, il semblerait donc que, par-delà les slogans publicitaires, cette remasterisation sert essentiellement les gravures stéréophoniques des dernières années, les éditions précédentes n’étant pas pour autant déshonorantes. La « Divina », telle que nous ne l’aurions jamais entendue ? Peut-être, chacun jugera.

Jean-Pierre Pister