Contact

mail@gemini-theme.com
+ 001 0231 123 32

Info

All demo content is for sample purposes only, intended to represent a live site. Please use the RocketLauncher to install an equivalent of the demo, all images will be replaced with sample images.

FESTIVAL ROSSINI à PESARO

Le Comte Ory et ses délices à la manière de Jérôme
Bosch

© ROF / Amati

opera bosch

 

Pour sa première saison en tant que Directeur artistique du Festival ROSSINI de
PESARO, Juan Diego Florez a programmé une nouvelle production du « COMTE
ORY » et reprend également un rôle fétiche, celui du Comte Ory qu’il avait
chanté ici même il y a plus de 20 ans (les dernières productions datant de 2003
et 2009) …..Hélas les retrouvailles demeurent quelque peu décevantes, non pas
par la faute de Juan Diego Florez, mais essentiellement à cette nouvelle
production du metteur en scène argentin Hugo de Ana, (concepteur également
des costumes et des décors) qui livre ici des variations visuelles et théâtrales
sur le triptyque du « Jardin des délices », du peintre néerlandais Jérôme Bosch,
avec ses structures bizarres et animaux géants dans les trois tableaux
représentants le charme charnel, la flore et la faune.
On ne trouve guère de trame narrative, par contre, beaucoup de non-sens et
de délires…mais il faut l’avouer, tout de même animés par l’énergie de la
musique frénétique de Rossini. Au premier acte, les spectateurs sont plongés
dans une » congrégation » de filles-fleurs, sous la houlette d’un gentil satyre (le
Comte Ory), puis au second, au château de la Comtesse. Il faut noter quelques
gags fort bien réussis telles les Tables de la Loi portées par le Comte déguisé en
Ermite, qui s’allument et clignotent, ou encore la scène de gym tonique
interrompue par la tempête. Il y a beaucoup de décors, beaucoup de
costumes, beaucoup beaucoup d’actions sur scène. Tout est exagéré, dans un
fouillis total : une gouvernante faisant une omelette, les femmes portant
d’énormes chapeaux de fleurs, de fruits et de feuillage, des danseurs poussant
des vrais chariots de supermarché, un énorme canard mort au dernier acte….
La tenue de Florez vêtu d’une tunique de nonne bleue avec une coiffe blanche,
portant des chaussures de sport rouge vif était absurdement drôle. Hugo Ana
également aux commandes de l’éclairage a misé sur des jeux de lumières d’un
bleu audacieux, un peu surréaliste… On a eu du mal à suivre et à
comprendre….La scène du lit, avec le trio grivois nous laisse sur notre
faim…Dommage, on a vu meilleure interprétation.

Heureusement le casting est vraiment excellent et le bilan musical fort
réjouissant. Les chanteurs ne boudent pas leur plaisir dans cette cour de
récréation euphorisante et se sont complètement immergés dans leurs
personnages, faisant preuve de brillantes performances comiques. 
Juan Diego Florez est le premier à s’en donner à cœur joie, en cuir ou en toge
rituelle. La voix fonctionne tout de suite, son chant a brillé tout au long de
l’œuvre, avec sa beauté vocale, ses notes aiguës solides, spectaculaires et
abondantes. Son français est comme toujours d’une intelligibilité parfaite, sa
maîtrise parfaite de la tessiture jusqu’au bout, malgré les outrances de la mise
en scène.
Pour ses débuts à Pesaro, Julie Fuchs reprend le rôle dans lequel elle avait
rayonné à l’Opéra-Comique en 2017. On ne sait que louer d’abord, la fraîcheur
du timbre, le français excellent ou la manière convaincante à diriger la ligne
difficile entre « rester chaste et exprimer ses désirs forts ». Quelle
performance !!! Avec sa personnalité scénique, la qualité de son chant, elle a
dominé la scène avec aisance, en parfait accord avec Juan Diego Florez. C’est
une Comtesse Adèle idéale, pétillante, coquine à souhait et pleine d’énergie.

Opera 2

La découverte de la soirée a été la mezzo-soprano russe  Maria Kataeva, qui
campe un Isolier exceptionnel (le page et rival du comte). Elle possède un
timbre riche et plein, une souplesse dans la voix, un chant magnifiquement
exprimé, réalisant une prestation solide, entre comique et fougue. Ce fut une
belle découverte à Pesaro. La basse Nahuel di Pierro joue un Gouverneur très
crédible, avec des graves impressionnants. Tout naturellement, son air « Veiller
sans cesse » a été longuement applaudi, à juste raison, Monica Bacelli campe
une Dame Ragonde amusante, mais dommage, avec des graves un peu
disparus. Le baryton Andrzej Filonczyk a fait bonne impression dans le rôle de
Raimbaud, malgré un français moyennement intelligible. Son air « Dans ce lieu
solitaire », accompagné par les compagnons déguisés du Comte Ory, a été sa
prestation la plus remarquable. Le chef des chœurs Giovanni Farina a hissé
l’impressionnant Coro del Teatro Vendidio Basso à des sommets d’harmonie,
de sensibilité et d’énergie.
Mené à la baguette magique du chef Diego Matheuz, l’excellent Orchestra
Sinfonica Nazionale della Rai, a magnifié la musique tonitruante de Rossini. Les
tempi sont vifs, enjoués, énergiques et la coordination entre les chanteurs et
l’orchestre sont bien réglés.
Somme toute, ce fut une soirée agréable, une belle expérience musicale, un
chant de qualité supérieure, une mise en scène quelque peu extravagante, avec
des décors imaginatifs et des costumes bien colorés. La musique de Rossini a
encore brillé ce soir et a ravi le public fort enthousiaste dans les
applaudissements prolongés !!!

Opera 3

Marie-Thérèse Werling