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« La voix d’un ange »

Renata Tebaldi aurait eu 100 ans, le 1 er février 2022. Son remarquable parcours lyrique laRenata Tebaldi et Maria Callasmena
de la Scala de Milan jusqu’au Metropolitan Opera de New-York, dont elle fit les grands
soirs de 1955 à 1973. Sa renommée devint rapidement mondiale et la grande firme
discographique Decca lui ouvrit ses studios pour enregistrer les plus célèbres opéras de Verdi
et de Puccini, au sein de prestigieuses distributions, sous la direction de très grands chefs.
Cependant, une ombre importune vint assombrir, à ses propres yeux comme à ceux d’une
partie du public, ses succès. Celle de l’« autre chanteuse », périphrase dont elle usait pour
désigner la rivale dont, un temps, elle ne pouvait même pas prononcer le nom, celui de Maria
Callas.


Cette dernière brûlait les planches grâce à son tempérament de tragédienne
exceptionnel, l’autre mettait toute son expressivité dans la beauté de sa voix et la subtilité de
son émission vocale. La vie privée de la première affolait les gazettes ; on sait peu de choses
concernant celle de la seconde. Précisons que leurs répertoires respectifs ne se recoupaient
que pour très peu de rôles (Traviata, Tosca…). Tebaldi ne s’est jamais aventurée dans le Bel
canto, Callas a assez peu touché, sur scène, au vérisme. N’importe, les journalistes firent leurs
délices de leur supposée rivalité. Quand Callas ressuscitait l’art du Bel canto, quelque peu
oublié depuis le XIXe siècle, Tebaldi s’inscrivait dans une tradition lyrique née au tournant
des XIXe et XXe siècles. Aujourd’hui, on ne saurait négliger le legs laissé par chacune de ces
deux remarquables cantatrices.

Renata Ersilia Clotilde Tebaldi naquit à Pesaro, patrie de Rossini, d’un père violoncelliste et
d’une mère infirmière. Ses parents s’étant séparés quand elle avait deux ans, elle grandira
auprès de sa mère, dans la maison de ses grands-parents maternels, à Langhirano dans les
environs de Parme. Elle contracte la poliomyélite à l’âge de trois ans, ce qui la handicapera
pour marcher dans son enfance. Elle en gardera quelques séquelles toute sa vie. Elle fut
élevée, dans un milieu modeste mais sensible à l’art lyrique, par une mère aimante qui
possédait elle-même une jolie voix. Elle fit étudier le piano à sa fille, dès l’âge de trois ans, etRenata Tebaldi et Luciano Pavarotti
plus tard le chant. Ce qui entraina des contraintes pour l’enfant qui devait se rendre à Parme
où résidait son professeur et, plus tard, quand elle eut 15 ans, pour rejoindre le Conservatoire
de Milan. Elle se levait à cinq heures du matin pour prendre, après une longue marche à pied,
un train qui mettait deux heures pour arriver à destination. Elle affirmera plus tard : « N'étant
pas attirée par les loisirs de mon âge, il m'a semblé parfaitement naturel de choisir la seule
chose qui m'intéressait et une fois choisie, j'ai pensé que je faisais simplement mon devoir,
alors je n'ai pas souffert pour les efforts que j'ai fournis. » Cette tranquille mais ferme
détermination sera celle dont elle fit preuve tout au long de sa carrière : elle s’imposa toujours
une discipline de fer, dans sa vie personnelle comme professionnelle, pour préserver sa voix.
De 1940 à 1943, elle suit, au conservatoire de Milan, l’enseignement de Carmen Melis,
grande spécialiste du répertoire vériste du début du XXe siècle. Puccini avait fait travailler
cette artiste quand elle s’apprêtait à chanter, en 1911 à Boston, le rôle de Minnie dans La
Fanciulla del West.
Tebaldi n’hésitait pas à dire qu’elle avait appris de cette cantatrice tout ce
qu'elle devait savoir de la scène. L’apprentie chanteuse classée comme soprano lirico spinto,
ce qui caractérise une voix puissante, à la fois lyrique et dramatique, lui permettait d’aborder
un large éventail de rôles allant de Mimi à Aida et Tosca. Détail révélateur : pour ses premiers
enregistrements, en mono, les techniciens demandaient à Tebaldi de détourner sa tête des
micros pour éviter la saturation du son.

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En 1944, la jeune Tebaldi fait ses débuts au théâtre municipal de Rovigo dans le rôle d'Elena
du Mefistofele d’Arrigo Boito. Pour se rendre à destination, elle doit utiliser une charrette à
cheval et revenir sous le feu des mitraillettes, car la guerre bat son plein. Très vite, à Parme
puis à Trieste, elle incarne la Desdemona de l’Otello de Verdi qui restera un de ses grands
rôles. En 1946, à Bologne, elle chante, en italien, l’Elsa du Lohengrin de Richard Wagner.
Lors d’une répétition du Requiem de Verdi, le grand maestro Arturo Toscanini aurait salué sa
« voix d’ange ». Certains pensent que le chef, peu prolixe en compliments, aurait simplement
signalé qu’il reprenait la partition à l’entrée de « la voix de l’ange », interprété par la soprano.
Quoi qu’il en soit, le Mestro fut immédiatement sensible aux qualités musicales de la jeune
Renata et, peut-être, au charme d’une belle jeune femme aux yeux clairs, dotée d’une
élégance naturelle.
Ce qualificatif d’« angélique » restera attaché à la pureté vocale de Renata Tebaldi. Toscanini
l’invite pour un événement exceptionnel, attendu par tous les Italiens, celui du concert de
réouverture de la Scala de Milan, le 11 mai 1946 : la salle avait été, en effet, gravement
touchée par un bombardement, en 1943. Le programme comportait le Mosè in Egitto de
Rossini et le Te Deum de Verdi. Tebaldi devient immédiatement une des interprètes préférées
du public de ce temple de l’art lyrique. La soprano se produira dans cet illustre lieu de 1949 à
1954, puis de 1958 à 1960. Elle se hissa ainsi rapidement au rang des sopranos reconnues par
l’ensemble du monde musical européen.

En 1947, elle chante à la Fenice de Venise (Otello, Tosca), à l’Opéra de Rome (Otello), à
Catane (Andrea Chénier). Elle aurait dû ouvrir la saison estivale des Arènes de Vérone avec
la Marguerite du Faust de Gounod, aux côtés de la basse Nicola Rossi-Lemeni. Des
intempéries entraînèrent la suppression de la première et le festival débuta avec le second
opéra prévu au programme, La Gioconda. L’interprète principale était une jeune soprano
grecque inconnue, Maria Callas. Pour la première fois, celle-ci, sans l’avoir cherché, volait la
vedette à la Tebaldi à laquelle on ne cessera plus de la comparer à l’avenir.
En 1948, Tebaldi aborde La Traviata au San Carlo de Naples, reprend Mefistofele aux
Thermes de Caracalla à Rome. Très vite, elle a pour partenaires les grands ténors de cette
époque : en 1949, Ramón Vinay (Otello), Mario Del Monaco (Andrea Chénier), sous la
direction de grands chefs comme Victor De Sabata auquel Toscanini lui-même rendit
hommage. Elle débute au São Carlos de Lisbonne avec Andrea Chénier et Don Giovanni
(Elvira). Elle participe au « Mai musical de Florence » dans une reprise de L’assedio di
Corinto de Rossini (Pamira) ; en 1950, elle est Olimpia dans l’opéra éponyme de Spontini,
avant de participer à l’ouverture de la saison de la Scala de Milan, dans Aida, aux côtés de
Mario del Monaco et de Fedora Barbieri, sous la direction d’Antonino Votto. Cet engagement
confirme l’incontestable reconnaissance, de la part du monde lyrique de l’époque, de la haute
qualité artistique de la jeune soprano. Elle obtient en ce lieu, le plus grand succès de sa jeune
carrière. Désormais, les opéras étrangers la réclament et, en 1953, c’est la voix de Tebaldi qui
double celle Sophia Loren, dans le rôle-titre d’un film musical italien réalisé d’après l’Aida de
Verdi.Renata Tebaldi 

Entre temps, elle avait participé, en 1950 avec la troupe de La Scala, au Festival d'Édimbourg,
puis au Royal Opera House à Londres, où elle reprend la Desdemona d'Otello, et le Requiem
de Verdi, tous deux dirigés par Victor de Sabata. Elle aborde également Falstaff (Alice), le
Requiem de Mozart dirigé par Guido Cantelli, disciple de Toscanini. La même année, elle se
rend aux États-Unis (San Francisco, Los Angeles), pour Aida, Le nozze di Figaro (Comtesse).
En avril de la même année, elle tombe malade lors des représentations d’Aida, à la Scala de
Milan, et Maria Callas la remplace au pied levé. C'est le début d'une bataille, attisée par la

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presse : les uns admirent la pureté du timbre de celle qui est désormais « la Tebaldi » ; les
autres préfèrent la voix particulière mais très expressive de « la Callas » dont l’art du chant est
inséparable de l’incarnation scénique du personnage.
Cette rivalité atteint son sommet au milieu des années 50, entretenue par les plus ardents
défenseurs des deux divas. Le ton monte entre les deux « prime donne ». Tebaldi
proclame : « J'ai une chose qui manque à Madame Callas : un cœur », laquelle rétorque que la
confronter à Tebaldi revient à « comparer du champagne à du Cognac. Non, à du Coca-
Cola. »
Opposer les deux cantatrices n'avait pas grand sens puisqu’elles relevaient de deux écoles de
chant esthétiquement différentes. Callas renouait avec la tradition belcantiste du début du
XIXe siècle, quand Tebaldi était une soprano spécialiste incontestée du vérisme de la fin du
XIXe siècle et du début du XXe. Le répertoire de Callas comprenait des rôles dramatiques,
nécessitant puissance et endurance, et des rôles belcantistes privilégiant l'ornementation
vocale. Celui de Tebaldi relevait d’une esthétique sollicitant moins le registre aigu et très peu
l’art des vocalises. Leurs répertoires respectifs ne se recoupaient que pour quelques Verdi
(Traviata, Aida), et pour la Tosca que Tebaldi a chanté 45 fois au Met.

Blessée par des cabales incessantes, la Tebaldi finit par quitter la Scala où elle estimait qu’il
n'y avait de place que « pour une seule prima donna ». Plus tard, Callas et Tebaldi
manifesteront un respect réciproque. Callas n'hésitera pas à aller écouter Tebaldi lors de ses
répétitions, et affirmera : « J'admire le timbre de Tebaldi ; il est magnifique. Son phrasé est
également splendide. Parfois je souhaiterais avoir sa voix. ». La réciproque serait vraie :
Tebaldi ayant demandé à un responsable du Met de lui procurer un enregistrement de La
Gioconda afin d'apprendre le rôle, il lui conseilla prudemment, en tenant compte de la vive
tension opposant Tebaldi à Callas, la version de Zinca Milanov. Or quelques jours plus tard, il
la surprit en train d’écouter attentivement celle de Callas : « Pourquoi ne m'avez-vous pas dit
que l'enregistrement de Callas était le meilleur ? » lui demanda-t-elle alors.
À la mort de Callas, Tebaldi affirma que leur compétition avait était fabriquée par les
journalistes et leurs admirateurs respectifs, ajoutant : « Je pense néanmoins que ce fut
profitable pour l'une comme pour l'autre, en raison de la publicité faite à Maria comme à moi-
même. Je ne comprends cependant pas pourquoi ils nous ont déclarées rivales car nos deux
voix étaient différentes. Elle était exceptionnelle. Je me souviens que, jeune artiste, je me
postais près de la radio chaque fois qu'on y parlait de Maria. »

Entre temps, Tebaldi avait trouvé un nouveau port d’attache artistique au Metropolitan Opera
de New York, où elle débute le 31 janvier 1955 dans Otello. Elle s’y produira régulièrement
jusqu'en 1973. Commence une nouvelle histoire d'amour avec le public du Met. Elle se
déroula pendant 17 saisons, dans l’ancienne salle, aujourd’hui disparue, sise le long de
Broadway, entre la 39 e  et la 45 e  rue. Elle y chanta 14 rôles, en quelques 200 représentations,
ce qui lui valut le rare privilège d’apparaître en couverture du Time Magazine. Elle participait,
le 4 mars 1960, à une représentation de La forza del destino quand, à l’acte III, le baryton
américain Leonard Warren, 48 ans, s’effondra sur la scène du Met, foudroyé par une crise
cardiaque.

À partir de 1956, elle chante également à l'opéra de Chicago. Mais c’est au Metropolitan
Opera de New York qu’elle est le plus souvent invitée. Les Américains, amateurs de
statistiques, estiment qu’elle a atteint le plus grand nombre de prestations dans cette salle,
après le record établi par Kirsten Flagstad. Elle y gagna, à New York, le surnom de « Miss
Sold-Out ». Au-delà de son talent, sa probité à l’égard des spectateurs et de ses collègues,
séduisit le public. Ce qui ne signifie pas qu’elle n’avait pas d’exigences : Rudolf Bing, le

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directeur du Met, évoquait ses « fossettes d’acier ». Elle a travaillé, à la scène comme au
disque, avec les plus grands ténors du moment : Giuseppe Di Stefano, Jussi Björling, Franco
Corelli et le jeune Plácido Domingo qui fit ses débuts au Met à ses côtés, dans Adriana
Lecouvreur, en 1968.
Ses admirateurs comme ses adversaires, en la comparant à Callas dans les opéras de Verdi et
de Puccini, nourrirent l’intérêt porté à ses prestations et à ses enregistrements. Elle devint une
des sopranos les plus sollicitées de son époque, notamment au Royaume-Uni (Festival
d'Édimbourg, Covent Garden à Londres). Elle fut universellement considérée comme une des
meilleures interprètes de l’opéra italien, notamment au disque, dans Verdi, Puccini, Giordano, Cilea.

Cependant en 1963, une crise vocale la force à repenser sa technique comme son répertoire.
C'est avec une voix plus dramatique que par le passé qu’elle revient sur scène, en 1964 : son
grave s’est élargi mais l'aigu s'est durci. Cela ne l'empêchera pas d’enchaîner les triomphes
avec La Gioconda de Ponchielli et La fanciulla del West de Puccini. Sa dernière prestation sur
une scène d'opéra a lieu en janvier 1973, au Metropolitan, dans la Desdemona d’Otello, rôle
avec lequel elle avait fait ses débuts new-yorkais, dix-sept ans plus tôt.

La France n’a que rarement invité Tebaldi : en 1951, elle se produit à l’Opéra de Paris et à
l’église de la Madeleine (Giovanna d’Arco de Verdi). Elle revient à Paris en 1959, dans Aida
(dans une mise en scène routinière, indigne du lieu et d’une artiste de son niveau), puis en
1960, dans Tosca. En 1975, elle donne deux récitals à Paris, à l’Espace Cardin.

Le 23 mai 1976, la soprano consacre son dernier concert à la Scala de Milan au bénéfice des
victimes du tremblement de terre du Frioul, trente-deux ans, jour pour jour, après ses débuts.
Elle accorde sept bis à un public qui l’acclame sans fin, debout, chantant et pleurant à la fois.
Elle leur demande de ne pas l’oublier avant de sortir définitivement de scène, après 1 262
représentations concernant 1 048 opéras complets et 214 concerts. Cette retraite s’imposait
pour la préservation de sa santé.

Tebaldi perdait en studio « le frisson d'urgence » qu’exprimait sa voix quand elle chantait sur
scène, selon certains de ses admirateurs. Montserrat Caballe affirmait : « Tebaldi était notre
Aida, notre Traviata, notre Manon Lescaut. Elle était tous les rôles et elle était la voix
humaine la plus parfaite que nous ayons jamais entendue ». Le baryton Robert Merrill et la
soprano Licia Albanese, ses collègues au Met, soulignaient également la qualité somptueuse
de sa voix.
Il ne faut pas pour autant se priver de son legs lyrique gravé en studio, publié essentiellement
chez Decca. On peut notamment citer Madame Butterfly (1958) et La bohème (1959), avec
Carlo Bergonzi, dirigées par Tullio Serafin. L’Aida spectaculaire, réalisée à Vienne en 1959,
sous la direction d’Herbert von Karajan avec Carlo Bergonzi, constitue la meilleure version
du chef-d’œuvre de Verdi avec celle, réalisée deux ans plus tard, par Georg Solti avec
Leontyne Price et John Vickers. Quant à l’Otello, produit en mai 1961, toujours à Vienne sous
la baguette de Karajan, avec Del Monaco dans le rôle-titre, il s’agit d’un des plus grands
disques d’opéra jamais réalisés. N’oublions pas sa Liu aux côtés de Birgit Nilsson et Jussi
Björling dans Turandot (RCA, 1960). Enfin, mentionnons un autre joyau du disque lyrique :
l’intégrale de Don Carlo gravé à Londres en 1965, sous la direction de Georg Solti à la tête de
l’Orchestre du Royal Opera House de Covent Garden. La Tebaldi y incarne Elisabeth de
Valois au sein d’une distribution prestigieuse : Grace Bumbry, Carlo Bergonzi Dietrich
Fischer-Dieskau, Nicolaï Ghiaurov.

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Par ailleurs, la cantatrice a laissé des mémoires, écrits en collaboration avec la journaliste
italienne Carla-Maria Casanova, publiés, en 1986, sous le titre de Renata Tebaldi, la voix
d'ange. Elle reste très discrète sur sa vie privée. À vingt ans, elle avait rompu avec un
amoureux parmesan qui voulait la faire renoncer à sa carrière pour fonder une famille. Elle
vécut une liaison difficile et éphémère avec le chef d’orchestre Arturo Basile. Elle explique
cet échec intime en affirmant : « Je n'ai jamais permis à rien ni à personne de détruire mon
équilibre éthique. » Elle avait eu également une brève relation avec la basse Nicola Rossi-
Lemeni. Persuadée qu’il est impossible de concilier mariage, maternité et carrière lyrique, elle
s’est consacrée totalement, presque au sens religieux du terme, à son art.
En revanche, elle maintint un lien très fort avec sa mère qui l’accompagna autant qu’elle le
put, tout au long de sa vie. Le décès de cette dernière, en 1957, fut une terrible épreuve pour
Renata Tebaldi, alors au Met. Le chagrin dévasta la cantatrice et le cardinal Spellman,
archevêque de New-York, tint à apporter personnellement, à cette catholique pratiquante, son
réconfort.

Après une absence de vingt ans, Tebaldi, revint à New-York, en 1995, quand parut sa
biographie traduite en anglais. Le maire Giuliani organisa pour elle une semaine de festivités
qui culmina avec une « journée Tebaldi ». On a estimé à 5 000 le nombre de personnes qui se
sont rendues au Lincoln Center pour lui faire signer son livre : pendant huit heures, elle serra
la main de ses fidèles admirateurs.
Elle meurt à 82 ans à Saint-Marin où elle s’était retirée. Elle repose dans le petit cimetière de
Langhirano, dans la chapelle qu'elle avait fait construire pour sa mère. Ce lieu se situe à vingt
kilomètres au sud de Parme, où elle vécut les premières et dernières années de sa vie. Sa
tombe est toujours fleurie. En février 2010, un musée Tebaldi, consacré à des souvenirs
artistiques de la cantatrice s’est ouvert dans le château de Langhirano.
La Tebaldi laisse un précieux legs lyrique à ses admirateurs, constitué d’un nombre important
d’intégrales, certains opéras ayant étant gravés deux fois, en mono puis dans l’excellente
stéréo des productions Decca, sans compter de nombreux live, précieux témoignages sur ses
débuts sur scène.

Au total, elle fut une grande Aida, une Desdémone inoubliable, une émouvante Butterfly, et
elle reste inégalée dans les opéras de Giordano et Cilea. Elle a reçu deux Grammy Awards en
1959 et 1961. Au-delà de leur intérêt musical, ces enregistrements constituent aussi des
témoignages sur toute une génération de très grands chanteurs internationaux de la seconde
moitié du XXe siècle et de grands chefs lyriques (Victor de Sabata, Francesco Molinari-
Pradelli, Sir Georg Solti, Herbert von Karajan, Carlo Maria Giulini, Karl Böhm). Riccardo
Muti, parlant de Tebaldi, la présente comme « l'une des plus grands interprètes, avec l'une des
voix les plus extraordinaires dans le domaine de l'opéra. »
Réécoutons Renata Tebaldi, d’autant plus que la plupart de ses disques, réalisés dans de très
bonnes conditions techniques, sont toujours disponibles. Son legs lyrique n’a pas pris une
ride.

Danielle PISTER
Maître de Conférences émérite des Universités
Vice-présidente du Cercle Lyrique de Metz