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Sa disparition, le 15 août dernier à l’âge vénérable de 105 ans, remet au premier plan de l’actualité lyrique la soprano italo-américaine Licia Albanese. Elle était universellement connue des mélomanes pour avoir participé à deux des trop rares enregistrements d’opéra dirigés par Arturo Toscanini, à la tête de son NBC Symphony Orchestra. Il l’avait choisie pour incarner Mimi dans un enregistrement radiodiffusé de La Bohème, en 1946. Il s’agissait de commémorer le cinquantenaire de la création de l’œuvre en 1896, où le Maestro tenait déjà la baguette. Suite au succès de l'émission, il la retint pour la retransmission de La Traviata, en décembre 1946. Quand on connaît les exigences de Toscanini, on devine qu’il avait trouvé en elle, une excellente musicienne, apte à se plier à toutes ses exigences, parfois tyranniques. Maria Callas avait admiré l’élégance avec laquelle elle chantait cette partition, en dépit de ses difficultés techniques et des contraintes imposées par les conditions du direct. Licia Albanese avait poussé le souci de donner une incarnation juste de son personnage, jusqu’à se rendre dans un hôpital pour étudier le comportement des tuberculeux. Elle est considérée comme la première Violetta moderne de son temps. Ces deux enregistrements sont sortis sous le label RCA Victor. licia albanese

La difficulté pour un auditeur d’aujourd’hui, qui n’a pas entendu Licia Albanese en direct, c’est d’apprécier les qualités de sa voix de soprano lirico-spinto (celle de Mimi), peu mise en valeur par l’acoustique très sèche du studio de la NBC ou par la précarité des captations en direct au Metropolitan Opera. Elle participa, par exemple, en 1948, à la première retransmission télévisée, depuis cette salle, d’une représentation de l’Otello de Verdi, avec Ramon Vinay et Leonard Warren, dirigée par Fritz Busch. L’autre réserve que l’on peut éprouver parfois vient de certains accents véristes dont les interprètes actuels nous ont déshabitués. Mais il n’y a aucun excès et cela tient, comme elle le dit elle-même, au fait qu’elle voulait être une chanteuse « expressive ». Le public appréciait ses talents de comédienne, et l'intensité émotionnelle de ses interprétations, ce qui l’amenait à soigner sa diction.

Elle avait commencé sa carrière en Italie, son pays natal, en 1935, en remplaçant à Milan une cantatrice dans Madame Butterfly. Le rôle de Cio-Cio San, qu’elle interpréta plus de 300 fois en 40 ans de carrière, devait rester son rôle fétiche. Elle débuta officiellement à la fin de cette même année, à La Scala de Milan, dans le rôle de Lauretta (Gianni Schicchi). Elle se fit connaître, dans toute l’Italie, mais aussi en France et en Angleterre. Ses succès l’amènent, en 1940, au Metropolitan Opera, où elle chante Madama Butterfly. Elle la reprendra 72 fois sur cette même scène où elle s’illustrera pendant 26 saisons, pour 427 représentations dans 16 opéras, interprétant 17 personnages différents. Le manager général Rudolf Bing ne l’ayant programmée que dans une seule représentation en 1966, alors qu’elle avait assuré quatre rôles l’année précédente, elle quitte le MET, sans faire ses adieux. Elle s’était produite également au San Francisco Opera pour 120 représentations entre 1941 et 1961, dans 22 rôles différents. Tout au long de sa carrière, elle a donné de nombreux récitals, concerts, et opéras partout aux Etats-Unis, notamment pour des actions de bienfaisance ou pour les soldats en temps de guerre. C’est en l’entendant chanter la Traviata que Teresa Stratas a décidé de devenir cantatrice. Dans un de ses derniers concerts, en 1973, Licia Albanese chante aux côtés de Pavarotti et en 1985 (elle a 76 ans !), le producteur de spectacles à Brodway, Thomas Z. Shepard, lui offre un rôle de chanteuse d’opérette dans Follies in Concert qu’elle assumera jusqu’en 1987. A son centième anniversaire, on peut l’entendre chanter « Happy Birthday to you » qu’elle agrémente d’une encore assez jolie note aiguë !

Licia Albanese avait sa propre émission de radio hebdomadaire et participait régulièrement à d'autres programmes radiophoniques ou télévisuels. Soucieuse d'aider les jeunes artistes et chanteurs, elle avait fondé, en 1974, The Licia Albanese-Puccini Foundation. Elle a enseigné le chant notamment à la Juilliard School et donné des masters classes à travers le monde.

Elle a côtoyé les ténors prestigieux de son époque : Beniamino Gigli -avec lequel elle enregistre une première Bohème en 1938-, Tito Schipa, Jussi Björling, Mario Del Monaco, Franco Corelli, Pavarotti et Carlo Bergonzi, disparu trois semaines avant elle, et avec lequel elle chante une Bohème, captée au MET en 1958. Elle a partagé l’affiche avec de grandes sopranos comme Claudia Muzio, Elisabeth Schwarzkopf. Bien que très aimée du public, elle n’a jamais eu la notoriété de ses contemporaines, Zinca Milanov, Maria Callas, Victoria de Los Angeles ou Renata Tebaldi. Mais sa patrie -elle est devenue citoyenne américaine en 1945- a su l’honorer : en 1995, elle reçoit du Président Clinton la « National Medal of Honor for the Arts » ; en 2000, pour sa contribution à la vie culturelle de New York, Rudolph Giuliani lui accorde la plus grande décoration honorifique de cette ville, la « Handel Medallon » ; de nombreuses université l’ont également honorée. Licia Albanese a son étoile sur le « Hollywood Walk of Fame », à Los Angeles.

Danielle Pister